L’esprit écohumaniste, c’est le choix de construire notre avenir en recourant à un éventail large et diversifié de solutions, qu’elles soient techniques ou comportementales, mais à la hauteur des enjeux et de l’urgence. Ces solutions doivent être adaptées aux besoins et possibilités locaux. Nous ne rejetons aucune solution sur la base des convictions idéologiques.
Les actions récentes du gouvernement italien ne s’inscrivent pas dans cette démarche. En effet, le Parlement travaille actuellement sur un projet de loi qui vise à interdire la production de la viande cellulaire sur le territoire italien. Cette interdiction est motivée, selon le ministre de l’Agriculture italien, Francesco Lollobrigida, par la volonté de sauvegarder l’héritage culinaire du pays.
Pourtant la viande cellulaire peut aider à sauvegarder et renforcer l’héritage culinaire du pays, contrairement à ce que ses opposants prétendent. Cor van der Weele, professeure à l’Université de Wageningue (Pays-Bas), travaille sur les aspects culturels que des sociétés entretiennent avec la consommation de viande. Dans un article publié par The Forbes en 2019 elle répond aux différentes préoccupations liées à la viande cellulaire :
La professeure van der Weele suggère que cultiver la viande dans un laboratoire pourrait en fait améliorer la relation de l’homme à la nature. Elle remarque qu’il n’y a rien de plus aliénant et contre nature que l’élevage intensif d’animaux. Cor van der Weele est aussi co-auteure d’une l’étude qui dessine des scénarios futurs pour la viande cellulaire.
Sur la base d’ateliers, Cor van der Weele and Clemens Driessen ont conçu un scénario appelé « le cochon dans la basse-cour » selon lequel « la viande cultivée est imaginée comme un élément d’une communauté hybride d’humains et d’animaux qui permettrait à la fois la consommation de protéines animales et des relations significatives avec les animaux domestiques (de ferme) ».
« Le porc dans la cour ou dans la communauté, qui est à la fois un animal de compagnie et un donneur de cellules pour la viande cultivée, crée la possibilité de partager le monde avec les animaux de manière durable et consciencieuse, sans renoncer à manger de la viande. Une telle perspective élimine la souffrance causée par l’agriculture intensive, mais sans la remplacer par un monde abolitionniste dans lequel les végétaliens urbains sont complètement séparés de la nature et des animaux […]. Au contraire, dans ce monde possible, les relations entre humains et animaux s’améliorent de façon spectaculaire ».
Il n’y a pas un seul scénario possible qui prédéfinirait l’avenir de la production de viande ou son abolition complète. De nombreuses trajectoires existent et devraient faire l’objet de réflexions et débats publics. Nous allons aborder dans le détail cette thématique à l’automne dans le cadre des premiers ateliers de travail dédiés à l’alimentation et l’agriculture.